samedi 17 décembre 2011

Hellpharmacist sur Professionsanté

Suite à l'article "Un pharmacien en colère" paru sur Professionsanté.ca, je me permet ici de répondre à mes détracteurs en exerçant ici mon droit à la liberté d'expression, toujours dans l'esprit de confidentialité et en conformité avec les lois gérant la pratique de la pharmacie au Québec et le code de déontologie de l'OPQ.


Premièrement, je déplore l'ajout de commentaires au texte en question avant d'avoir fait la lecture des commentaires précédents et de ma réponse à ceux-ci. Je ne crois pas à la communication à sens unique. Mais vous n'êtes pas revenus lire le contre-argumentaire donc c'est peine perdue. Maintenant vous êtes peut-être revenus, qui sait?

  • Avec votre pitié, vous me faites rire. Je cherche dans "Firefox" mais je ne trouve pas le mot "pitié" dans cette page sauf dans les commentaires non-constructifs. Je ne veux pas de votre pitié, ce n'était pas un déversement de fiel mais une émotion suite à une dure journée. Et vous avez indubitablement de meilleures valeurs que les miennes, vos parents vous ayant appris que vous avez le droit divin d'insulter les gens ayant un salaire plus élevé que le vôtre. Je trouve personnellement autant inacceptable que les gens au service à la clientèle se fassent injurier. Mais puisque ça arrive à tout le monde, tout va bien pour vous. C'est "fair" n'est-ce pas? Winner...

  • Non, je ne suis pas condescendant et je ne trouve pas les gens ignorants; je ne dirigeais pas mes problèmes vers l'intelligence de mes patients (pardon, votre vision économique de notre pratique professionnelle les appelle "client$", le terme étant plus approprié selon vous) mais j'ai une tendance à être curieux et tenter de comprendre comment fonctionne un processus avant de juger si la vitesse est anormale ou pas, j'ai donc présumé que c'était le cas de la majorité. My bad. 

  • Cher Monsieur le thérapeute/télépathe, puisque vous êtes à même de déterminer la personnalité d'un individu en lisant un texte, j'aimerais vous rencontrer afin d'étudier votre intellect supérieur. Vous avez même deviné que je prenais de la drogue forte. Vous êtes exceptionnel! Petit conseil, quand vous souhaitez vous donner un air "je suis un être supérieur spirituellement qui comprend la nature humaine mieux que quiconque", ne détruisez pas tous vos efforts en terminant votre commentaire en affirmant que la personne à qui vous vous adressez par procuration consomme de la drogue. Cela vous discrédite complètement et pourrait vous amener des problèmes (ce ne sera pas le cas, ne vous faites pas de mauvais sang, je suis un partisan de la liberté d'expression), la diffamation étant un crime (tout comme les menaces de "possibles problèmes dans le futur avec ce genre de publication", genre de commentaires que je vous conseille de ne pas réitérer de par son caractère plus qu’ambiguë).

  • Chère psychanalyste, suite à la constatation de mon manque d'introspection, d'autocritique, de compassion et d'empathie, j'ai absolument besoin de vos services. Vous avez immédiatement remarqué que j'ai mis plusieurs heures dans ce blogue afin de discuter d'un sujet que je déteste. Je déteste tellement cela que je prend mon samedi pour écrire sur ce sujet, vous n'avez idée de la haine que j'éprouve pour cette discipline. Je me suis même fait tatouer le sigle des apothicaires dans le dos pour me rappeler à chaque jour de détester cet emploi exécrable. Voyez-vous, je n'ai travaillé que 3 mois au total en soins palliatifs et un seul membre de ma famille est décédé du cancer et je n'ai qu'un seul ami qui s'est suicidé. Tous ces manques font de moi un danger qui doit être neutralisé immédiatement. Je met la qualité de mon service en priorité devant la vitesse d'exécution de celui-ci, je suis un monstre. Merci de votre aide précieuse. Je dois vous quitter, je dois aller terminer mon site internet "rate my cashier" pour que l'on puisse mettre des commentaires et un "rating" sur le service des employés travaillant dans le public au Québec. Je dois faire ma part pour salir la réputation de tout le monde dans la bonne vieille tradition de "ratemymd" et "ratemypha". Mais peut-être devrais-je me garder une "petite gêne" comme cela m'a été suggéré. C'est agréable la langue de bois, ça fait rétro et ça comble de l'espace dans un texte.On peut facilement ajouter deux lignes comme je viens de le faire ici, absolument pour rien!

  • Je vous ai expliqué la réalité que je vis, je ne suis pas là pour me plaindre mais pour expliquer et oui, je suis un être humain avec des émotions et j'étais fâché quand j'ai écrit ce texte. Mais voyez ça de cette façon: j'aurais pu finir mes études à Boston et y vivre de façon permanente tellement j'adore cette ville. Mais c'est vous collectivement qui avez payé mes études en bonne partie et j'ai décidé de rester pour soigner les gens qui m'ont donné l'opportunité de réaliser mon rêve. Et je vous en remercie en tentant de vous donner le meilleur service humainement possible. Mais tous ne pensent pas comme moi et vont finir par déménager. C'est ce que je constate (et puisque les articles et sites internet de santé sont tous en anglais, les pharmaciens sont presque tous bilingues donc peuvent réellement partir). Je n'ai pas pensé à ça tout seul, c'est aussi en entendant parler des problèmes de mes collègues et de ceux de ma conjointe médecin. Ayant des amis infirmiers, policiers, caissiers, je comprend très bien leur réalité ne vous en déplaise. Mais si vous vous dites "tout le monde se fait c* dessus, deal with it" vous avez tout faux. Vous me faites penser à une personne victime d'intimidation qui devient un intimidateur pour se venger. Break the cycle, arrêtez d'accepter de vous faire traiter comme ça et c'est tout. Peu importe votre métier. Vous êtes policier et la personne arrêtée vous manque de respect? Donnez-lui un "ticket" pour outrage à un représentant des forces de l'ordre. La prochaine fois elle ne va peut-être pas vous respecter davantage mais elle va être tranquille. Et si votre patron vous réprimande parce que vous avez osé demander le respect, changez de job. Vous avez à tort jugé mes affirmations à travers le meltingpot utilisé pour représenter une journée qui vire en "zoo", mais elles sont de plus en plus fréquentes et mêmes récurrentes (les fins/débuts de mois) en raison de la pénurie de personnes aptes à prescrire et de pharmaciens.

  • Ce n'est pas vrai que le client a toujours raison en pharmacie. Même s'il a un renouvellement pour un antibiotique (ce qui ne devrait être le cas que d'une minorité de gens souffrant de maladies spécifiques), si le patient veut l'utiliser pour la mauvaise raison je PEUX refuser. Mais je discute calmement avec la personne afin de trouver une solution. Mais chez les 2% de désagréables, il n'y a rien à faire ou presque. Il menace d'aller ailleurs? Laissez-le aller si vous avez épuisé toutes les pistes de solution. N'abdiquer pas si votre jugement clinique vous crie de ne pas servir le médicament. S'il vous prend 45 minutes de votre temps chaque fois et que c'est la tragédie à tout coup, votre patron s'il est pas "nono" se rendra compte qu'il nous fait perdre de l'argent et potentiellement à la sécurité des autres patients (ex: il vous interrompt sans cesse lors de l'analyse d'un dossier complexe). Et si la personne traite tout le monde comme ça, elle va changer de place souvent et probablement revenir en s'excusant parce que plus aucun commerce ne voudra d'elle (j'ai vu cela à plusieurs reprises). C'est dans la nature humaine de se rendre compte de ce qu'on avait qu'au moment où on le perd. Et juste comme ça, j'ai connu plusieurs canadiens anglais vivant ici qui sont repartis parce qu'ils trouvaient que les Québécois étaient impolis. Ça nous fait une belle réputation ça. Mais allez-y, envoyez promener tout le monde, jusqu'à ce que vous réalisiez que tout le monde vous hait. Il faut se comporter dignement au travail tout comme dans notre vie personnelle. Je travaille dans le public (et je l'assume pour ceux qui en doute) et quand je vais dans un commerce, même si je trouve que c'est long et que moi aussi j'aurais le goût de sacrer, j'ai une petite voix qui me dit qu'ils ont sûrement des contraintes tout comme moi que je ne connais pas. Alors je suis patient et je me suis toujours bien fait servir parce que j'avais été compréhensif. Ça paie beaucoup plus qu'on pense, des deux côtés.

  • Je considère que je n'ai simplement que brisé le silence sur un secret de polichinelle dans la profession. Je savais très bien à quoi m'attendre en choisissant cette profession et en écrivant ce texte, en étant conscient que certains allaient me critiquer. "So I deal with it, don't worry for me, I'm a grown up". J'ai voulu brasser la cage des 2% de clients désagréables et réveiller les pharmaciens sur le fait que nos conditions de travail sont en dégradation constante. Et pour être franc je comprend difficilement pourquoi des gens qui subissent des difficultés au travail semblables aux miennes attaquent mon texte au lieu de partager leur propre expérience/solutions. Chialer n'apporte rien vous dites? Faux, plein de gens ont amenés des commentaires constructifs et des solutions. Il faut bien commencer par dénoncer le problème avant de le régler. Et si vous n'aimez pas mon blog, ne le consultez plus, personne ne vous oblige à me lire que diable!!! Et écrire un commentaire à la va vite sans lire l'opinion des autres et se "sauver comme un voleur" sans jamais revenir pour lire la réponse du blogger, on appelle ça un "troll" dans le jargon internet...

  • Les problèmes sur la confidentialité rapportés par l'un des commentateurs est courante et inquiétante. Sauf les demandes de profils officiels faxés par les hôpitaux, je n'ai que très peu de moyens pour vérifier si le médecin qui appelle du CLSC et à qui je n'ai jamais parlé a effectivement le consentement du patient. Et l'absence d'indication thérapeutique sur les ordonnances est une problématique incontournable. Comment gérer ce que vous ne savez pas? Aucune clairance, c'est quoi, on "skip" l'analyse de l'ajustement en insuffisance rénale? 90% de mes patients de 80 ans ont les reins flambants neufs? J'ai comme un doute!! Et pourquoi pas compléter le trio avec le risque cumulatif de syndrome sérotoninergique comme attaquant et le détestable intervalle QT comme "Goon".

Hellpharmacist, "le terriblement égocentrique, méchant, terrible, enragé, vite trouvez-lui un psychiatre" pharmacien

mercredi 23 novembre 2011

Réponse aux réactions + ajout important

Je voulais répondre plus tôt, mais comme je travaille 50 hrs/sem, je n'ai pas pu. Et il semble bien que j'aie semé la controverse. Un rêve pour un auteur ;)

Majoritairement, et je la remercie, la "pharmacienne ayant défroqué" a fait le travail à ma place.

Voici les points sur lesquels j'ai été critiqué:

Mon "supposé" manque d'éthique:

Pour ce qui est de l'éthique, avec un avocat, une femme médecin et des collègues qui me relisent avant publication, vous repasserez. Si je n'aimais pas mon travail et me foutais des gens, je ne le critiquerait pas, je ferais autre chose, vous pensez que je me ferais suer pour rien? (trilingue, entraînement militaire, musicien, écrivain, j'ai plus d'une corde à mon arc...) Certains patients sont des anges, mais j'aurais dû écrire un texte sur les patients gentils? Ça intéresse qui? Et je n'ai nommé aucun lieu, aucune donnée, bref rien qui vous permette d'identifier qui que ce soit. Vous n'aimez pas mon style d'écriture? Too bad. Je respecte mes patients beaucoup plus que vous ne le croyez, on leur explique tout ça à chaque jour patiemment. Maintenant il est accessible sur papier d'une façon plus agréable que sur une pancarte poche de l'AQPP dans la salle d'attente...

D'ailleurs, j'ai 50 lecteurs normalement et avec un texte un moindrement provocateur, bang; 1000 lecteurs et 49 commentaires en 4 jours. En tout temps les auteurs ont utilisé la controverse pour susciter des réactions. Et effectivement mon but est de sortir du cadre de professionsanté (que je respecte énormément soit-dit en passant) où j'ai vu des pharmaciens s'auto-censurer parce que le site inscrit le nom du commentateur. Et c'est mon style. Je n'écrirai pas "animal à poil long souvent domestique qui possède...", je vais écrire CHAT. Quand on appuie sur un lien qui s'appelle HELLpharmacist, on s'attend a quoi? Ben non, ce n'est pas le New York Times, ce serait plus dans le style Charlie Hebdo. En un peu plus censuré, j'utilise des ?&* plutôt que des mots inappropriés.

Vous n'êtes pas les seuls, tout le monde a des problèmes et arrêtez de pleurer:

Wow. Mais là chapeau! Si le voisin se tire en bas du pont comme on disait quand j'étais jeune, vas-tu le faire? Tout le monde est impoli et c'est normal. Assez "mouton passif" comme attitude. Peut-être que si les gens désagréables se faisaient remettre à leur place dans plusieurs commerces, ils se calmeraient et agiraient de façon civilisée. Mais ne faites surtout rien!!! Quelqu'un de désagréable, j'essaie de raisonner avec lui calmement. Mais il y a des gens qui ne sont justes pas raisonnables. Quand ils menaçent d'aller ailleurs, si tout le monde tenait son bout, ça se terminerait ce genre de chantage!

Mais effectivement, je suis conscient que d'autres professions ne sont pas faciles, mais mon blogue parle de pharmacie, je ne sais pas ce qui se passe à l'épicerie. Et ceux qui me disent de me taire parce que je gagne beaucoup, bien peu de vous avez la VIE des gens entre vos mains et la liberté d'expression ça vous dit quelque chose? J'ai signé la pétition anti-Charest en me faisant répondre "Avec leur salaire, les pharmaciens devraient pas se plaindre". Ma réponse vous croyez? "Depuis quand on ne peut pas être pharmacien et socialiste?". Avec le nombre de "like" que j'ai eu, ça a clos la discussion.

Vous gagnez assez cher, vous pouvez endurer ça:

Selon la loi canadienne, le harcèlement psychologique est illégal. Il n'y a pas de prix qui permette d'acheter la dignité d'un être humain. Et j'en suis un. Donne-moi un million pour me cracher dessus et tu peux le garder. Je suis payé comme le disait la "défroquée" par le mécanisme de l'offre et de la demande et parce que je suis allé à l'école 25 ans. Et que j'ai une responsabilité professionnelle si je tue/blesse quelqu'un. Je ne suis pas payé pour me faire insulter. Je le suis parce que je suis un professionnel de la santé en demande. End point.

Manque de compassion: 

Le BIG C (CANCER) ne fonctionne pas avec moi. Aller oser dire que je n'ai aucune compassion pour les gens alors que j'ai travaillé en soins palliatifs et en désintox, je vous ferai savoir par expérience que vaut mieux les faire attendre un peu et gérer correctement le tout avec les autres intervenants que de se précipiter pour donner la médication immédiatement et peut-être priver ainsi le patient d'un soulagement optimal. Et pour ceux qui se croient "psychologues" ou "psychiatres", vous pensez connaître ma personnalité en ayant lu un texte que j'ai écrit en 30 minutes? Soit vous êtes "fake", sans aucun professionnalisme ou carrément illégaux, poser un diagnostique sur internet est illégal au Québec. J'en ai une bonne technique de relaxation pour vous: faites une heure de méditation chaque soir comme moi, vous allez être plus heureux ;p. Et pour ceux capables de lire entre les lignes, ce texte était une façon caustique de faire comprendre aux gens comment ça fonctionne. Et ça a porté fruit, les statistiques sont les statistiques. Parce que c'était votre première visite. Je le sais. Vous remarquerez que je respecte également votre droit de vous exprimer, je n'ai effacé AUCUN commentaire, même ceux me critiquant. Mais le droit de vous répondre, je le possède aussi.

La job facile où tu jases autour d'une tasse de café:

Quand la DEA fait un "raid", ils vont chercher quoi? De l'argent et de la drogue, parce que c'est ce qui profite aux criminels. Le criminel lui a accès en tout temps à un mec habillé en sarrau blanc, désarmé, sans sécurité, qui a X$ dans sa caisse et pour X millions$ de drogues derrière lui. Si on effectuait un sondage anonyme parmi les pharmaciens qui se sont déjà fait pointer une arme à feu dans leur direction ou on été intimidés d'une façon ou d'une autre pour des drogues contrôlées (et ça peut aller loin, j'ai des cas de menaces à peine voilées avec adresse et des "je sais où tu habites"), les chiffres pourraient être surprenants. Ça m'est arrivé, une collègue aussi. On ne doit pas être des exceptions...

Vos commentaires sont encore une fois les bienvenus!!

samedi 12 novembre 2011

Comment écoeurer un pharmacien et lui faire changer de carrière (LMAO)

 Vous arrivez à la pharmacie. Premier truc qui me fend le pompon: dès que la technicienne a pris votre "commande", vous allez vous asseoir et pensez que ça va prendre 5 minutes. Comment, et expliquez-le moi si vous avez la solution miracle, voulez-vous que la technicienne entre l'ordonnance dans l'ordinateur, fasse imprimer les étiquettes, transmette votre requête de paiement à votre assurance par internet, sorte les reçus, compte les médicaments et les mette dans leur pot? Et vous croyez que ça finit là? Et non. Moi, le con de pharmacien qui se fait regarder de travers parce que j'ai un panier de pots de pilules plein devant moi tandis que vous vous demandez pourquoi je ne vais pas vous faire payer ASAP. Parce que ma job c'est ça, tout simplement:

  • Vérifier s'il y a des interactions physiologiques, organiques, chimiques et enzymatiques avec votre médication;
  • Vérifier si la médication est appropriée pour la maladie à traiter;
  • Vérifier si le médicament est approprié à vos conditions médicales;
  • Vérifier s'il y a risque d'effets secondaires cumulatifs;
  • Vérifier s'il y un risque que vous fassiez une réaction allergique et son type;
  • Vérifier le dosage;
  • Documenter mes interventions;
  • Vérifier que ce qui est écrit sur la prescription correspond a ce que j'ai dans l'ordinateur et sur l'étiquette;
  • Vérifier que la bonne pilule est à la bonne personne dans le bon pot comme on disait à la faculté

    Et après que le caissière vous ait fait passer après que ayez chialé sur le délai, ça me prend 10 minutes vous expliquer. 5 minutes. Pensez-y donc la prochaine fois. Si quelqu'un fait ça en 5 minutes, il a "botché" son travail "solide".


    Et là je vous ai exposé le "best case scenario". Ça peut et ça VA aller mal entre le début et la fin du processus, c'est la loi de Murphy.


    Ce qui peut arriver à la technicienne qui vous accueille:


    La prescription semble avoir été rédigée par quelqu'un qui avait son crayon dans son "péteux". Illisible, les médicaments méconnaissables, la signature du médecin un hiéroglyphe et un numéro tout aussi illisible qui, une fois entré dans le système informatique, donne un médecin du Burkina Faso qui travaille  Vancouver?! WTF, le patient sort de l’hôpital d'en face... Et bien sûr, c'est toujours le patient qui va revenir plus tard pour se rendre compte que rien n'est fait et s'en offusquer.
    • Après avoir perdu 20 minutes à comprendre ou à rejoindre M. "je mets mon crayon dans mon c*", on entre la prescription. 5 scénarios:

      • La personne veut un seul produit, le dernier, et ne comprend pas que l'on doit entrer tous les médicaments afin que les numéros se suivent pour classement ultérieur (malgré les normes de l'OPQ, plusieurs pharmaciens choisissent plutôt d'aller plus loin en conservant les informations médicales jusqu'à 5 ans après un décès. Cela donne un délai à la police si une enquête devait être menée.)

      • 2e, le patient est un "écureuil". Il a 14 prescriptions (bon, j'exagère mais il en possède suffisamment pour écoeurer) de 4 médecins différents avec les mêmes médicaments, certains fois avec des doses contradictoires, d'autres avec des duplications et souvent toutes ces prescriptions ont des dates différentes. OK... ton médecin t'as dit de prendre une pilule pour le cholestérol, l'hypertension et le diabète et tu viens 8 mois plus tard. Bravo champion! Tu vas crever bordel!!! Ah, deux hospitalisations entre temps? Merci de me le faire savoir, je vais pouvoir te détester encore plus en me disant que tes médicaments que JE paye parce que tu es sur le BS (je sais qu'il y a des gens qui en ont réellement besoin, si le chapeau vous fait mettez-le), s'ils avaient été pris à temps auraient sauvé à l'état l'impôt que je vais payer pendant 3 ans juste parce que tu es un pauvre con. 

      • 3e, celui qui veut tout mais quand vous lui nommez les médicaments (Rxs) dans son dossier, il n'en prendra finalement que 3 sur 10. Celui-la nous fait perdre du temps de façon incommensurable et s'il revient plus tard, oh le trouble (j'en parlerai plus tard).

      • 4e: les drogués, ceux qui abusent de psychotropes, d'hypnotiques, de narcotiques, alouettes! S'obstinent sans arrêt pour que la technicienne leur renouvelle à l'avance même si elle leur explique que c'est illégal. Souvent, ils vont se ramasser dans mon coin car ils vont exiger de parler au pharmacien. Et notez que certains poussent l'audace jusqu'à demander un renouvellement hâtif sur une prescription (prx) échue. ?&?%&%

      • 5e: Ceux qui veulent savoir comment ça va coûter. Je ne peux pas vous le dire!!! Tout ce que vous me fournissez lorsque vous me présentez votre carte d'assurance c'est une signature électronique, une série de chiffre transmise par internet qui relie notre compte avec votre assureur. Et il nous revoit une réponse électronique qui s'imprime sur une feuille que l'on appelle facture. J'ai n'ai aucune idée de ce que votre plan d'assurance santé couvre et si vous ne le savez pas vous mêmes, vous êtes mal barrés.

       Mais revenons à nos moutons. Une fois que c'est entré et préparé, c'est loin d'être fini. Je dois exécuter toutes les étapes mentionnées précédemment et voici ce qui peut m'arriver:

      • Il y a une interaction (je dois appeler M. Brownpen)

      • Vous êtes allergique (idem)

      • La dose est dangereuse (idem)

        La prescription interagit avec des Rxs à index thérapeutiques étroits (i.e. la dose toxique et la dose bénéfique sont très proches), donc je communique avec ceux qui surveillent votre traitement

          • L'assurance ne paie pas et j'ai droit à une averse d'insultes (je suppose que vous blâmez les pompiers lorsque votre assurance feu ne couvre pas les dommages...ah non? Eh ben...)

          • Je me fais déranger pendant mon travail pour des raisons n'ayant aucun rapport avec ma formation professionnelle (-j'ai appelé -Je sais, si vous me laissiez finir j'irais vous voir plus rapidement...)

          • Le p* de dosage a changé mais le médecin n'a pas mis d'indicateur sur le pourquoi, donc ayant un soupçon d'erreur, going back to the phone with Mister B.

          • L'ordonnance n'est pas au nom du prescripteur que le patient a vu sur l'étiquette du pot. Tragique! Je sais $?$?/$, c'est sa résidente qui a signé. Hablas francès?

          • Oups, qui arrive a côté de moi? L'abuseur de Rx tout mielleux qui veut son avance. Parfait, je te les donne. Quand la RAMQ va te barrer quand tu vas avoir 7 jours d'avance au cumulatif, ne pense pas que je vais remettre le compteur à zéro. Le programme Alerte de l'OPQ, tu connais?

          • Le patient affirme avoir moins de comprimés que sur l'étiquette. Bizarre, ça se produit toujours avec le Xanax...et ma tech l'a compté, je l'ai recompté et elle m'a revérifié pour une triple vérification au total. Mais le patient doit avoir raison n'est-ce pas, la sueur coulant dans son front car il se rend compte que je le crois autant qu'un agent double de la CIA.

            Et tout ça peut se produire en même temps. Pour plusieurs patients. Peut-être même les dix qui attendent. Alors de grâce relaxez parce que si vous continuez comme ça chers Québécois, vos pharmaciens vont vous quitter.  Pour tout ce que l'on fait pour vous, je crois que l'on mérite du respect. Ah, en passant, je ne suis pas celui qui fixe les prix, je ne sais pas pourquoi nous sommes à court de tel ou tel Rx et pourquoi ça vous coûte un dollar de plus, Je suis pharmacien, pas le proprio d'une pharmaceutique ni dans la "clique" d'experts du ministre Bolduc.