mercredi 23 novembre 2011

Réponse aux réactions + ajout important

Je voulais répondre plus tôt, mais comme je travaille 50 hrs/sem, je n'ai pas pu. Et il semble bien que j'aie semé la controverse. Un rêve pour un auteur ;)

Majoritairement, et je la remercie, la "pharmacienne ayant défroqué" a fait le travail à ma place.

Voici les points sur lesquels j'ai été critiqué:

Mon "supposé" manque d'éthique:

Pour ce qui est de l'éthique, avec un avocat, une femme médecin et des collègues qui me relisent avant publication, vous repasserez. Si je n'aimais pas mon travail et me foutais des gens, je ne le critiquerait pas, je ferais autre chose, vous pensez que je me ferais suer pour rien? (trilingue, entraînement militaire, musicien, écrivain, j'ai plus d'une corde à mon arc...) Certains patients sont des anges, mais j'aurais dû écrire un texte sur les patients gentils? Ça intéresse qui? Et je n'ai nommé aucun lieu, aucune donnée, bref rien qui vous permette d'identifier qui que ce soit. Vous n'aimez pas mon style d'écriture? Too bad. Je respecte mes patients beaucoup plus que vous ne le croyez, on leur explique tout ça à chaque jour patiemment. Maintenant il est accessible sur papier d'une façon plus agréable que sur une pancarte poche de l'AQPP dans la salle d'attente...

D'ailleurs, j'ai 50 lecteurs normalement et avec un texte un moindrement provocateur, bang; 1000 lecteurs et 49 commentaires en 4 jours. En tout temps les auteurs ont utilisé la controverse pour susciter des réactions. Et effectivement mon but est de sortir du cadre de professionsanté (que je respecte énormément soit-dit en passant) où j'ai vu des pharmaciens s'auto-censurer parce que le site inscrit le nom du commentateur. Et c'est mon style. Je n'écrirai pas "animal à poil long souvent domestique qui possède...", je vais écrire CHAT. Quand on appuie sur un lien qui s'appelle HELLpharmacist, on s'attend a quoi? Ben non, ce n'est pas le New York Times, ce serait plus dans le style Charlie Hebdo. En un peu plus censuré, j'utilise des ?&* plutôt que des mots inappropriés.

Vous n'êtes pas les seuls, tout le monde a des problèmes et arrêtez de pleurer:

Wow. Mais là chapeau! Si le voisin se tire en bas du pont comme on disait quand j'étais jeune, vas-tu le faire? Tout le monde est impoli et c'est normal. Assez "mouton passif" comme attitude. Peut-être que si les gens désagréables se faisaient remettre à leur place dans plusieurs commerces, ils se calmeraient et agiraient de façon civilisée. Mais ne faites surtout rien!!! Quelqu'un de désagréable, j'essaie de raisonner avec lui calmement. Mais il y a des gens qui ne sont justes pas raisonnables. Quand ils menaçent d'aller ailleurs, si tout le monde tenait son bout, ça se terminerait ce genre de chantage!

Mais effectivement, je suis conscient que d'autres professions ne sont pas faciles, mais mon blogue parle de pharmacie, je ne sais pas ce qui se passe à l'épicerie. Et ceux qui me disent de me taire parce que je gagne beaucoup, bien peu de vous avez la VIE des gens entre vos mains et la liberté d'expression ça vous dit quelque chose? J'ai signé la pétition anti-Charest en me faisant répondre "Avec leur salaire, les pharmaciens devraient pas se plaindre". Ma réponse vous croyez? "Depuis quand on ne peut pas être pharmacien et socialiste?". Avec le nombre de "like" que j'ai eu, ça a clos la discussion.

Vous gagnez assez cher, vous pouvez endurer ça:

Selon la loi canadienne, le harcèlement psychologique est illégal. Il n'y a pas de prix qui permette d'acheter la dignité d'un être humain. Et j'en suis un. Donne-moi un million pour me cracher dessus et tu peux le garder. Je suis payé comme le disait la "défroquée" par le mécanisme de l'offre et de la demande et parce que je suis allé à l'école 25 ans. Et que j'ai une responsabilité professionnelle si je tue/blesse quelqu'un. Je ne suis pas payé pour me faire insulter. Je le suis parce que je suis un professionnel de la santé en demande. End point.

Manque de compassion: 

Le BIG C (CANCER) ne fonctionne pas avec moi. Aller oser dire que je n'ai aucune compassion pour les gens alors que j'ai travaillé en soins palliatifs et en désintox, je vous ferai savoir par expérience que vaut mieux les faire attendre un peu et gérer correctement le tout avec les autres intervenants que de se précipiter pour donner la médication immédiatement et peut-être priver ainsi le patient d'un soulagement optimal. Et pour ceux qui se croient "psychologues" ou "psychiatres", vous pensez connaître ma personnalité en ayant lu un texte que j'ai écrit en 30 minutes? Soit vous êtes "fake", sans aucun professionnalisme ou carrément illégaux, poser un diagnostique sur internet est illégal au Québec. J'en ai une bonne technique de relaxation pour vous: faites une heure de méditation chaque soir comme moi, vous allez être plus heureux ;p. Et pour ceux capables de lire entre les lignes, ce texte était une façon caustique de faire comprendre aux gens comment ça fonctionne. Et ça a porté fruit, les statistiques sont les statistiques. Parce que c'était votre première visite. Je le sais. Vous remarquerez que je respecte également votre droit de vous exprimer, je n'ai effacé AUCUN commentaire, même ceux me critiquant. Mais le droit de vous répondre, je le possède aussi.

La job facile où tu jases autour d'une tasse de café:

Quand la DEA fait un "raid", ils vont chercher quoi? De l'argent et de la drogue, parce que c'est ce qui profite aux criminels. Le criminel lui a accès en tout temps à un mec habillé en sarrau blanc, désarmé, sans sécurité, qui a X$ dans sa caisse et pour X millions$ de drogues derrière lui. Si on effectuait un sondage anonyme parmi les pharmaciens qui se sont déjà fait pointer une arme à feu dans leur direction ou on été intimidés d'une façon ou d'une autre pour des drogues contrôlées (et ça peut aller loin, j'ai des cas de menaces à peine voilées avec adresse et des "je sais où tu habites"), les chiffres pourraient être surprenants. Ça m'est arrivé, une collègue aussi. On ne doit pas être des exceptions...

Vos commentaires sont encore une fois les bienvenus!!

samedi 12 novembre 2011

Comment écoeurer un pharmacien et lui faire changer de carrière (LMAO)

 Vous arrivez à la pharmacie. Premier truc qui me fend le pompon: dès que la technicienne a pris votre "commande", vous allez vous asseoir et pensez que ça va prendre 5 minutes. Comment, et expliquez-le moi si vous avez la solution miracle, voulez-vous que la technicienne entre l'ordonnance dans l'ordinateur, fasse imprimer les étiquettes, transmette votre requête de paiement à votre assurance par internet, sorte les reçus, compte les médicaments et les mette dans leur pot? Et vous croyez que ça finit là? Et non. Moi, le con de pharmacien qui se fait regarder de travers parce que j'ai un panier de pots de pilules plein devant moi tandis que vous vous demandez pourquoi je ne vais pas vous faire payer ASAP. Parce que ma job c'est ça, tout simplement:

  • Vérifier s'il y a des interactions physiologiques, organiques, chimiques et enzymatiques avec votre médication;
  • Vérifier si la médication est appropriée pour la maladie à traiter;
  • Vérifier si le médicament est approprié à vos conditions médicales;
  • Vérifier s'il y a risque d'effets secondaires cumulatifs;
  • Vérifier s'il y un risque que vous fassiez une réaction allergique et son type;
  • Vérifier le dosage;
  • Documenter mes interventions;
  • Vérifier que ce qui est écrit sur la prescription correspond a ce que j'ai dans l'ordinateur et sur l'étiquette;
  • Vérifier que la bonne pilule est à la bonne personne dans le bon pot comme on disait à la faculté

    Et après que le caissière vous ait fait passer après que ayez chialé sur le délai, ça me prend 10 minutes vous expliquer. 5 minutes. Pensez-y donc la prochaine fois. Si quelqu'un fait ça en 5 minutes, il a "botché" son travail "solide".


    Et là je vous ai exposé le "best case scenario". Ça peut et ça VA aller mal entre le début et la fin du processus, c'est la loi de Murphy.


    Ce qui peut arriver à la technicienne qui vous accueille:


    La prescription semble avoir été rédigée par quelqu'un qui avait son crayon dans son "péteux". Illisible, les médicaments méconnaissables, la signature du médecin un hiéroglyphe et un numéro tout aussi illisible qui, une fois entré dans le système informatique, donne un médecin du Burkina Faso qui travaille  Vancouver?! WTF, le patient sort de l’hôpital d'en face... Et bien sûr, c'est toujours le patient qui va revenir plus tard pour se rendre compte que rien n'est fait et s'en offusquer.
    • Après avoir perdu 20 minutes à comprendre ou à rejoindre M. "je mets mon crayon dans mon c*", on entre la prescription. 5 scénarios:

      • La personne veut un seul produit, le dernier, et ne comprend pas que l'on doit entrer tous les médicaments afin que les numéros se suivent pour classement ultérieur (malgré les normes de l'OPQ, plusieurs pharmaciens choisissent plutôt d'aller plus loin en conservant les informations médicales jusqu'à 5 ans après un décès. Cela donne un délai à la police si une enquête devait être menée.)

      • 2e, le patient est un "écureuil". Il a 14 prescriptions (bon, j'exagère mais il en possède suffisamment pour écoeurer) de 4 médecins différents avec les mêmes médicaments, certains fois avec des doses contradictoires, d'autres avec des duplications et souvent toutes ces prescriptions ont des dates différentes. OK... ton médecin t'as dit de prendre une pilule pour le cholestérol, l'hypertension et le diabète et tu viens 8 mois plus tard. Bravo champion! Tu vas crever bordel!!! Ah, deux hospitalisations entre temps? Merci de me le faire savoir, je vais pouvoir te détester encore plus en me disant que tes médicaments que JE paye parce que tu es sur le BS (je sais qu'il y a des gens qui en ont réellement besoin, si le chapeau vous fait mettez-le), s'ils avaient été pris à temps auraient sauvé à l'état l'impôt que je vais payer pendant 3 ans juste parce que tu es un pauvre con. 

      • 3e, celui qui veut tout mais quand vous lui nommez les médicaments (Rxs) dans son dossier, il n'en prendra finalement que 3 sur 10. Celui-la nous fait perdre du temps de façon incommensurable et s'il revient plus tard, oh le trouble (j'en parlerai plus tard).

      • 4e: les drogués, ceux qui abusent de psychotropes, d'hypnotiques, de narcotiques, alouettes! S'obstinent sans arrêt pour que la technicienne leur renouvelle à l'avance même si elle leur explique que c'est illégal. Souvent, ils vont se ramasser dans mon coin car ils vont exiger de parler au pharmacien. Et notez que certains poussent l'audace jusqu'à demander un renouvellement hâtif sur une prescription (prx) échue. ?&?%&%

      • 5e: Ceux qui veulent savoir comment ça va coûter. Je ne peux pas vous le dire!!! Tout ce que vous me fournissez lorsque vous me présentez votre carte d'assurance c'est une signature électronique, une série de chiffre transmise par internet qui relie notre compte avec votre assureur. Et il nous revoit une réponse électronique qui s'imprime sur une feuille que l'on appelle facture. J'ai n'ai aucune idée de ce que votre plan d'assurance santé couvre et si vous ne le savez pas vous mêmes, vous êtes mal barrés.

       Mais revenons à nos moutons. Une fois que c'est entré et préparé, c'est loin d'être fini. Je dois exécuter toutes les étapes mentionnées précédemment et voici ce qui peut m'arriver:

      • Il y a une interaction (je dois appeler M. Brownpen)

      • Vous êtes allergique (idem)

      • La dose est dangereuse (idem)

        La prescription interagit avec des Rxs à index thérapeutiques étroits (i.e. la dose toxique et la dose bénéfique sont très proches), donc je communique avec ceux qui surveillent votre traitement

          • L'assurance ne paie pas et j'ai droit à une averse d'insultes (je suppose que vous blâmez les pompiers lorsque votre assurance feu ne couvre pas les dommages...ah non? Eh ben...)

          • Je me fais déranger pendant mon travail pour des raisons n'ayant aucun rapport avec ma formation professionnelle (-j'ai appelé -Je sais, si vous me laissiez finir j'irais vous voir plus rapidement...)

          • Le p* de dosage a changé mais le médecin n'a pas mis d'indicateur sur le pourquoi, donc ayant un soupçon d'erreur, going back to the phone with Mister B.

          • L'ordonnance n'est pas au nom du prescripteur que le patient a vu sur l'étiquette du pot. Tragique! Je sais $?$?/$, c'est sa résidente qui a signé. Hablas francès?

          • Oups, qui arrive a côté de moi? L'abuseur de Rx tout mielleux qui veut son avance. Parfait, je te les donne. Quand la RAMQ va te barrer quand tu vas avoir 7 jours d'avance au cumulatif, ne pense pas que je vais remettre le compteur à zéro. Le programme Alerte de l'OPQ, tu connais?

          • Le patient affirme avoir moins de comprimés que sur l'étiquette. Bizarre, ça se produit toujours avec le Xanax...et ma tech l'a compté, je l'ai recompté et elle m'a revérifié pour une triple vérification au total. Mais le patient doit avoir raison n'est-ce pas, la sueur coulant dans son front car il se rend compte que je le crois autant qu'un agent double de la CIA.

            Et tout ça peut se produire en même temps. Pour plusieurs patients. Peut-être même les dix qui attendent. Alors de grâce relaxez parce que si vous continuez comme ça chers Québécois, vos pharmaciens vont vous quitter.  Pour tout ce que l'on fait pour vous, je crois que l'on mérite du respect. Ah, en passant, je ne suis pas celui qui fixe les prix, je ne sais pas pourquoi nous sommes à court de tel ou tel Rx et pourquoi ça vous coûte un dollar de plus, Je suis pharmacien, pas le proprio d'une pharmaceutique ni dans la "clique" d'experts du ministre Bolduc.