Cas fictif (nom, c'est pas vrai, je le change juste assez pour que vous ne pussiez reconnaître personne, respectant ainsi la loi sur la confidentialité):
Une résidence vous envoie par fax, par livreur ou directement le mandataire du patient avec un formulaire de consentement pour le transfert d'un dossier. Rien n'apparaît sur le formulaire de consentement (pour les patients: pour que vous transfériez votre dossier pharmacologique dans une autre pharmacie, vous devrez de plus en plus signer un formulaire écrit autorisant la pharmacie recevant votre dossier à effectuer le transfert. Ce formulaire est pratiquement toujours exigé dans le cas des personnes âgées en raison de leur vulnérabilité à la manipulation par autrui (vos parents, tant qu'ils sont considérés aptes, ont le droit de prendre toute décision concernant le choix de leur pharmacie et leur consentement authentique est toujours vérifié), je ne connais pas les coordonnées de son ancienne pharmacie, je n'ai aucune prescription de l'hôpital (généralement, on ne déménage pas le soir 30 min avant la fermeture des pharmacies. Ça sentait donc le "médecin vient de me libérer de l'hôpital" à plein nez. Et aucune information si elle a des pilules ou pas évidemment. Et je me dis à moi-même que ce serait impossible qu'une infirmière m'envoie ça en s'attendant à recevoir un Dispill dans 30 minutes sans que je lui parle. Je l'appelle donc pour vérifier tout ça et la sempiternelle boîte vocale embarque. Et voilà, aucun retour d'appel et je suis fermé.
En fait, je ne sais même pas si ça va être un dispill, ce qui complique encore plus ma tâche: un Dispill code G ou P? Pour la RAMQ, un code G indique que la personne peut utiliser son dispill seule, avec (infirmière ou préposée inclus) ou sans l'aide de quelqu'un. Un code P indique que la personne n'est pas capable de gérer ses médicaments seule et que la personne l'utilise seule ou avec quelqu'un qui ne pourrait l'aider à gérer ses médicaments autrement en raison de problèmes. Un code G est renouvelé à chaque 28 jours avec 1 honoraire professionnel + le prix des pilules. Bref, c'est comme un service gratuit qu'on offre, disant à la RAMQ qu'on vous a donné un pot de 28 pilules sans charger pour le temps de préparation et le matériel du Dispill. Le code P est renouvelé à la semaine, avec un honoraire professionnel plus bas mais légèrement supérieur de quelques dollars au cumulatif annuel afin de payer le matériel. Ce sont les règlements de la RAMQ, pas des tours de passe-passe de pharmaciens. Vous pouvez voir aussi que la façon d'entrer les prescriptions dans le dossier informatique sera différente selon le code. De plus, les règles de l'art nous commandent d'envoyer un FADM (Feuillet d'administration des médicaments, papier que les infirmières utilisent pour noter la prise des médicaments de leurs patients) et un profil à jour à l'infirmerie ou à la directrice des soins.
Et il paiera comment le patient. Compte au mois, à chaque fois, à chaque semaine? VISA, comptant, sur livraison, par chèque? J'en sais quedalle. Et je parle de RAMQ, mais il a peut-être une autre assurance, ce qui change encore les règles du jeu.
Aujourd'hui c'est moi qui vous vois venir. Vous vous dites que j'aurais pu appeler un proche et prendre la chance de peut-être avoir les coordonnées de l'autre pharmacie. Mais sans être sûr s'il n'y a pas eu hospitalisation (ce ne serait pas la première fois qu'une résidence "omet" d'envoyer une prescription de l'hôpital, croyez-moi!), c'est risqué. Administrer des médicaments qu'une personne a cessé de prendre depuis un certain temps et peut-être remplacés par d'autres peut créer des interactions et des effets désastreux.
Vous pouvez donc voir ici que je ne pouvais absolument rien faire sans retour d'appel. Rien. Et de plus, il est hasardeux d'envoyer des médicaments à quelqu'un qui en a peut-être suffisamment, ceux-ci refusant de payer et voulant les retourner, nous forçant soit à les reprendre à perte (on doit les détruire) ou à refuser comme nous l'indique la loi (en effet, il est illégal de reprendre un médicament. On ne sait pas dans quelles conditions il a été gardé et voudriez-vous vraiment prendre les médicaments usagés de quelqu'un? En tout cas, pas moi). Sauf qu'on ne peut refuser si on l'a envoyé/vendu sans le consentement du patient, dans quel cas on doit le reprendre à perte.
Donc, de grâce, rappelez avant la fermeture des pharmacies, car cela vous jouera un vilain tour collègues infirmières. Dans un cas comme celui-ci, j'ai documenté mes tentatives de recherche d'information et les heures où j'ai appelé. Je suis blindé. J'espère que tout ira bien pour le patient ainsi que pour l'infirmière, puisque si quelque chose arrive au patient, elle sera tenue responsable car mon dossier est béton (pratique l'endos vierge des prescriptions). Et elle sera accusée de négligence.
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