Désolé pour mon langage coloré, mais j'en ai assez de la "criss" de pénurie de médicaments. Sans en savoir beaucoup sur les raisons, je peux toutefois vous en dire beaucoup sur les effets que cela cause dans la pratique quotidienne. Les ruptures de stock sont constantes, inquiétantes et même dangereuses en raison de tout ceci (voir plus bas). Mais il y a trois types de pénuries: du médicament breveté (original, nom commercial), pénuries d'original ET de génériques et finalement pénurie de médicaments uniques sans équivalents dans aucune classe (Ex: c'est le seul antibiotique qui peut tuer une bactérie bien spécifique).
http://recherche.cyberpresse.ca/cyberpresse/redirect/field/url/?document=wcm.cyberpresse.ca/article/4342365
Dans la pénurie d'originaux, on fournit des génériques:
-Les patients qui ne reconnaissent plus leurs pilules (changement de compagnie = changement d'apparence, goût, forme, engravure, ingrédients non-pharmacologiques) sont moins enclins à les prendre.
-J'ai observé dans certains cas des effets placebos négatifs, des gens ne croyant plus qu'ils recevaient un médicament aussi bon.
-Malgré ce qu'en diront certains, certains génériques causent des échecs à des traitements qui fonctionnaient aux molécules originales (effet placebo, coïncidence?).
-Le changement constant de l'apparence des comprimés rend l'identification aussi plus difficile pour le pharmacien et augmente le risque d'erreur. Personnellement, j'ai du diazépam qui est indistinguable d'une marque de furosémide. Pfff, j'aurais pas dû dire ça, vous allez venir en espérant que je me trompe ;)
Dans la pénurie "totale", on essaie d'en trouver et on se débrouille avec ce qui reste, ce qui ajoute les difficultés suivantes:
-Un patient qui prend 50mg TID d'un produit X, quand faut le lui vendre en comprimés de 5mg et que ça lui coûte plus cher, croyez-vous qu'il me fait un beau sourire? Et imaginez quand il faut mettre ça dans une Dosette/Dispill. Les pharmaciens, les techniciennes et les infirmières s'arrachent les cheveux.
-Certains ne sont tout simplement pas sécables ou sont à action prolongée ou en capsules impossibles à ouvrir et subdiviser. D'autres ne peuvent pas être écrasés ni saupoudrés.
-Si la patiente ne peut pas avaler et que le liquide est en pénurie, ce n'est pas tous les produits qui peuvent être mis en solution aqueuse ou par d'autres voies d'administration. Le contraire s'aspplique également.
-Il faut conseiller des produits qui ne seraient peut-être pas nos premiers choix faute d'alternative.
-Quand tous nos recours sont épuisés, l'on doit contacter le médecin et changer pour un médicament de la même classe (là on est encore chanceux).
Dans le cas d'une pénurie totale sans équivalent, il faut contacter le prescripteur immédiatement et changer complètement la thérapie, ce qui prive le patient du meilleur traitement. Certains médicaments n'ayant aucun cousin agissant de façon similaire sont particulièrement inquiétants pour la vie de certains patients.
Pourquoi je parlais de l'importance de se mettre à jour? Et bien pour faciliter toutes ces démarches!! En effet, je peux vous donner 2 exemples où un numéro du Québec Pharmacie m'a permis de résoudre des problèmes.
-Pénurie de Purinethol. Pas un seul comprimé. Un article sur une interaction entre l'allopurinol et le Purinethol me revient en tête. Pouf. Me rappelant que l'Imuran est le promédicament du Purinethol, on s'en trouve, on fait notre facteur de conversion en vérifiant avec un pharmacien en greffe de l'HDQ, on appelle le médecin et voilà, problème réglé. (Et non, ça ne vient pas de Cyberpresse, où la journaliste a d'ailleurs fait une coquille, le médicament n'étant pas Inuran mais bien Imuran/azathioprine, qui se transforme in vivo en Purinethol/mercaptopurine.)
-Je me fais demander par une infirmière si je vois un changement récent dans un dossier pour une variation anormale d'INR et, en parlant, on se rend compte que le patient a commencé à consommer des Oméga-3. Merci Québec-Pharmacie!
Toutefois, il ne faut pas céder aux excès. La pression que l'on se met à soit même pour être le meilleur et le plus à jour peut mener certains à craquer, ne plus tolérer le stress et quitter ou se foutre de tout. D'autre vont tellement étudier que ça va en être maladif et malsain pour leur propre santé. Il faut trouver un juste milieu pour être un bon pharmacien tout en arrêtant de se taper sur la tête pour chaque minute que l'on a pas passée dans un bouquin. Mais pour ça malheureusement, c'est peut-être moi qui vais avoir besoin de trucs...
Et de grâce, ne vous jugez pas trop sévèrement entre vous, car cela ne fait qu'ajouter au problème.
Les médecins sont pires l'un envers l'autre que les maquereaux.
(Référence: Paracelse, Discours sur l'alchimie)
http://recherche.cyberpresse.ca/cyberpresse/redirect/field/url/?document=wcm.cyberpresse.ca/article/4340694
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